Histoire

Saint-Paulet est situé en plein cœur du Lauragais, une contrée qui a été une route d’invasions entre l’Atlantique et la Méditerranée depuis des millénaires.

La date de ses premiers habitats n’est pas connue. Il semble que la région ait été habitée par des ibères puis envahie par les volques-tectosages vers le 4ème siècle avant J.C.1. Ce peuple celte originaire des bords du Danube fonda Vieille Toulouse qui fut sa capitale.

Les romains contrôlèrent la région dès 118 avant J.C. Lors de l’invasion de la Narbonnaise (on a découvert en 2006 une villa romaine de plus de 2000 ans au village voisin de Soupex). A l’époque Gallo-romaine, les vins italiens passaient par Saint-Paulet, sur la « route des rutènes » qui commençait à Montferrand (au péage d’Elusio ou éclata l’affaire Fonteius, plaidée par Cicéron) pour être livrés à ce peuple gaulois indépendant peuplant la région de rodez. Cette route subsiste encore aujourd’hui sur le causse au dessus du village, c’est le chemin qui mène de Saint-Paulet à Montmaur. Plus tard, les wisigoths envahirent le Lauragais en 411 et firent de Toulouse leur capitale. Ils installèrent des positions fortifiées (dont St Paulet2) sur les hauteurs qui dominent la plaine Lauragaise. Battus par Clovis en 507 les wisigoths abandonnèrent Toulouse mais conservèrent le Lauragais. St paulet fut alors camp retranché à la frontière entre les Royaumes Franc et wisigoths3.

Deux siècles plus tard eut lieu l’épisode de l’invasion des sarrazins qui furent battus une première fois devant Toulouse en 721 puis à Poitiers en 732. A partir des environs de l’an 800 St Paulet appartint au comté de Toulouse. La région gardait une grande indépendance jusqu’à la persécution des cathares (entre 1209 et 1321) et la mainmise de la couronne de France sur tout le sud. Voir à la page cathares cet épisode douloureux pour notre village.

L’actuel château du village, remanié depuis date du XIIIème siècle. A partir de cette période apparaît la culture du pastel qui marque un tournant avec la culture agricole traditionnelle, tournée vers l’autosuffisance quoique excédentaire. En effet grâce à cette plante notre petite région connaît une fortune impressionnante4, la plante servant à la teinture des tissus en bleu est exportée après traitement dans toute l’Europe. Les « coques » obtenues à la dernière étape de traitement de la plante avant commercialisation donnent d’ailleurs le nom de Pays de Cocagne au pays alentour5.La rigole du canal du Midi

Cet âge d’or prit fin en 1562. La région fut alors le théâtre des guerres de religion et s’il ne reste pas à ma connaissance d’écrits précisant le nom St Paulet, les villages voisins (comme St Félix) sont cités. A cette époque Catherine de Médicis est comtesse de Lauragais. Elle fit construire le palais du présidial à Castelnaudary.


Le 27 mai 1665, Pierre Paul Riquet obtenait l’autorisation de creuser la Rigole qui passe au pied du village et traverse la commune du nord au sud, afin d’alimenter le canal du midi . Celui-ci fut inauguré en 1681. C’est à la même période que vécut le personnage le plus célèbre lié à notre village : Le maréchal Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne ( 1611-1675). En effet son cœur embaumé fut rendu au comte Bernard de la tour d’Auvergne Lauraguais en 1814 et conservé dans un coffret de plomb enchâssé dans un cartel de style Louis XIV, au château de St Paulet jusque récemment
6.
Le maréchal de Turenne

Après 1793, pendant les quelques années de la révolution, les saints n’étaient plus à l’honneur et le village fut renommé La Réunion.

Revenons à 1814, sous Napoléon Ier : c’est la bataille de Toulouse, l’armée du maréchal Soult est attaquée par les anglais sous les ordres du général Wellington. Le 14 avril Soult est à Castelnaudary et Wellington aurait peut être installé son quartier général au château de St Paulet. C’est de ce jour là que les hostilités cessèrent, Wellington faisant informer Soult que Bonaparte venait d’abdiquer 7!Le reliquaire contenant le coeur de Turenne (Comment le coeur de Turenne est à Saint-Paulet, André Boyer-Mas Éd. Privat, 1938)

LE XIXème siècle vit la reconstruction d’une partie de l’église. Le 2 avril 1857, la ligne de chemin de fer Toulouse-Sète fut inaugurée, et avec elle, dans la région, la création des gares d’Avignonet, Ségala, Mas Saintes Puelles, Castelnaudary. Aux environs de 1875 l’embranchement Castelnaudary-Castres, qui passe par la commune de St-Paulet est achevé, mais son utilisation pour le transit voyageur fut de courte durée.
Vers 1860-70 un rapport du préfet du département note : »La vente des produits agricoles et l’enrichissem
ent des pays à vigne ont donné une très vive impulsion à l’exploitation des plâtres et des matériaux de construction. Dans l’arrondissement de Castelnaudary, les fours à chaux travaillent sans arrêt à cause des constructions neuves et des réfections dans le Narbonnais. »
Sur Saint-Paulet trois four à chaud et trois moulins
8 ont maintenu l’activité économique du village à une époque ou la région perdit la moitié de sa population au profit des villes de Toulouse et Carcassonne. Saint-Paulet était en 1882 avec 417 habitants un des villages alentours les plus peuplés avec Montmaur et La Pomarède9. La guerre fit ses ravages à St Paulet comme ailleurs et 8 noms sont portés au monument au morts.

Saint paulet en 1950C’est après guerre (1953) que toute la commune fut connectée à l’électricité. L’école quant à elle, apparut en 1958 à son emplacement actuel, elle était auparavant installée dans la mairie. L’eau courante ne fut installée qu’en 1966 au village. La fin des années 70 connut le remembrement qui modifia le paysage par l’agrandissement des parcelles cultivables.

Le château appartient aujourd’hui encore à la Famille de la Tour d’Auvergne et ne se visite pas. La commune est bien équipé, avec le tout-à-l’égout sur le village depuis 2006, la mise à disposition de l’ADSL en 2004. Elle ne dispose pas de commerces mais sa population augmente (voir rubrique population).

1Voir entre autres : http://www.arbre-celtique.com

2cf. Pays de Lauragais, Claude Jacquemay, ed. Saber, 1989, p. 35

3Il était une fois Montmaur, Michel-Paul Castaing, Association pour la restauration et la promotion des châteaux de l’Aude, 1992, p 20

4Les fortunes qui se constituèrent au Xvème et XVIème siècles furent colossales. Au point que ce fut un pastelier, Jean de Bernuy, qui paya à Charles Quint la rançon de François 1er fait prisonnier à Pavie. Cette rançon se montait à 2 millions d’écus d’or, ce qui correspondrait aujourd’hui à quelque 3 tonnes d’or !

5Au pays de cocagne : les secrets du pastel [en ligne], http://pedagogie.ac-toulouse.fr/histgeo/monog/bsb/pastel0.htm

6 Comment le coeur de Turenne est à Saint-Paulet, André Boyer-Mas Éd. Privat, 1938 (Le reliquaire ne se trouverait plus au château)

7Baraigne, village cathare du Lauragais[en ligne], Serge Delestaing, http://perso.orange.fr/sgdelestaing/Francais/Histoire4.htm voir aussi Jean Odol.

8Aude, Géographie-histoire-Statistique-Administration par V.A. Malte-Brun -1882.

9Matrice 1827-1939 ; archives de Saint-Paulet.